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Promis (aux dieux d'hier qui subsistent épars en nous), juré (sur la tête de ma muse que je ne vois pas parce qu’elle m’est trop visible), craché (gentiment sur nos parties sublimes au milieu de nos pensées intimes), nous nous retrouverons dans quinze ans à l’ombre de la Tour Eiffel, à la huitième heure, le huitième jour du huitième mois de l’an de haute grâce quatre-vingt-huit. Notre passé en sera encore plus beau, pour cause de poésie, et ce ne sera pas un effet placebo.

La mienne est à toi, et vice-versa. Parce que, face à face, nous ne sommes que chairs frémissantes, mains impatientes, bouches dévorantes, langues virevoltantes. Et tant pis pour la loi morale chez Kant et l’enfer de Dante. Toi qui ruisselles de mes souvenirs dans cet opéra visuel, nous laisseras-tu dans l’inaccompli ? Moi, je ne sombrerai pas dans le néant, comme ce pauvre Shakespeare, qui, entortillé dans ses pièces de théâtre si pleines d’emphase, vécut, pour cause de poésie, dans les coulisses

Aujourd’hui, ce qui était naguère si lointain est déjà prochain. C’est pour nous deux, j’en suis persuadé, que Gustave Eiffel a édifié sa prière de fer, si « inutile » disait-on, qui est notre repère dans le Temps plutôt que dans l’espace. Nous pourrons alors nous regarder regardant notre amour en plongée et en contre-plongée. Paris serait brûlé, rasé, atomisé, que j’y serais, pour cause de poésie, fût-elle déphasée, mutilée, irréalisée, ô Champs-Élysées !